La pollution de l’eau

Aujourd’hui, la plupart des animaux d’élevage (bovins, porcs et volailles) sont élevés selon des modes de production intensive qui s’apparentent à la production industrielle. Leur lisier est épandu ou arrosé dans les champs et les pâturages sous forme de boue liquéfiée brute et non traitée. Cela crée un risque de pollution énorme de l’eau superficielle et souterraine – la source d’eau potable de la plupart des Canadiens et Canadiennes.

Problèmes de pollution de l’eau

L’étude de Jane Elliott et de Charles Maule, Influence of Hog Manure Application on Surface Runoff Water Quality, publiée par l’Institut national de recherche sur les eaux, montre que le lisier de porc est plus susceptible de ruisseler et de polluer les eaux de surface en nitrates et phosphore que les engrais chimiques commerciaux. (L’étude a comparé les effets du lisier de porc et d’engrais chimiques aux installations de Bear Hills Pork Producers près de Perdue, en Saskatchewan.) Les taux accrus de polluants dans les champs où le lisier fut appliqué étaient mesurables la première et la deuxième années après l’application.

Le lisier est épandu lorsque la terre est en repos, au printemps ou à l’automne. S’il est épandu à l’automne, le lisier a de meilleures chances d’être emporté lors du ruissellement du printemps. L’arrosage du lisier est avant tout une méthode d’élimination du fumier et une méthode de fertilisation seulement de manière secondaire.

Le fumier de porc a une teneur en nutriments très variable. Il contient des produits pharmaceutiques, des antibiotiques, des hormones de croissance, des métaux lourds provenant des additifs alimentaires, des pathogènes et même des eaux usées humaines. De plus, il a une teneur trop forte en phosphore par rapport à sa teneur en azote.

Brent Paterson, directeur de l’agence d’irrigation d’Agriculture Alberta, affirme que le phosphore s’accumule trop rapidement dans les sols traités avec le lisier d’animaux d’élevage. Si l’Alberta adoptait une réglementation relative à l’application du phosphore, jusqu’à cinq fois plus de terre serait requise pour épandre les quantités actuelles de lisier, ajoute-t-il. Le phosphore peut causer une prolifération d’algues toxiques s’il ruisselle dans les eaux de surface.

Concentration du fumier

L’épandage du fumier doit être fait dans un rayon de 3,2 km de la fosse à lisier en raison du coût de transport du lisier. Cela concentre le lisier dans un territoire relativement petit et peut être à l’origine de l’accumulation excessive de nutriments et d’une augmentation de leur lixiviation et de leur ruissellement. Dans certains cas, les contrats d’épandage de lisier sont à court terme et les propriétaires des terres peuvent retirer la permission d’épandage de lisier, ce qui a pour effet d’intensifier sa concentration dans les terres restantes.

Épandage en hiver

Le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation de la Saskatchewan (SAF) permet l’épandage de lisier en hiver sur la terre gelée en tant que mesure d’urgence lorsque des circonstances imprévues saturent les fosses de stockage de lisier. Le SAF permet alors à l’exploitant d’épandre une quantité de lisier suffisante pour réduire la pression dans la fosse, plus 25 % de plus au cas où le printemps soit humide ou tardif. Le lisier épandu sur le sol gelé reste à la surface et se mélange au printemps à l’eau de fonte des neiges. Ainsi, il faut attendre plusieurs mois avant qu’une culture en croissance puisse absorber l’azote du lisier.

Lorsqu’une source d’eau souterraine se trouve à proximité, que la terre est sablonneuse ou graveleuse ou que la nappe phréatique est peu profonde, une lagune peut être construite pour empêcher la contamination. L’introduction de bactéries résistantes aux antibiotiques dans l’eau potable.